Une app n’est pas l’autre et WhatsApp en est le parfait exemple. Fondée en 2009 et rachetée 5 ans plus tard par le géant Facebook, WhatsApp a annoncé avoir passé la barre des 2 milliards d’utilisateurs en février 2020. C’est la première app de messagerie dans le monde avec des chiffres qui peuvent donner le vertige. WhatsApp c’est 60 milliards de messages, 100 millions d’appels vocaux, plus de 50 millions d’appels vidéos… par an ? Non ! Par jour !

Pour le pendant business de l’app, les chiffres ne sont pas en reste avec plus de 50 millions d’entreprises qui ont adopté l’app pour échanger plus facilement avec leurs clients.

Pourquoi cette polémique et quels sont les changements attendus le 15 mai ?

D’abord annoncé pour le 8 février 2020 mais repoussé au 15 mai, WhatsApp va changer ses conditions d’utilisation.

Concrètement, vous allez recevoir une notification le jour J qui vous demandera d’accepter ou de refuser l’adaptation des conditions. Si vous acceptez, aucun souci, WhatsApp est content, Facebook est content et tout ça sans effort. Si vous refusez, votre compte ne sera pas supprimé comme beaucoup le crient sur les toits (ils sont sympa chez Facebook quand même !)
Mais l’app perdra tout intérêt : accès limité, impossible d’envoyer des messages ou d’en lire mais vous pourrez encore recevoir des appels et des notifications. Autant dire que WhatsApp ne servira plus à rien.

Si j’accepte, qu’est-ce que ça change ?

Pour les européens, pas grand chose! Parce que nous sommes protégés (pour le moment) par l’incontournable RGPD (Règlement général sur la protection des données) qui interdit le partage de ce genre de données. WhatsApp ne pourra pas communiquer de données à sa maison-mère comme par exemple votre numéro de téléphone, votre pseudo, l’objet de la conversation ou encore votre temps passé sur l’app.

Ce que beaucoup ignorent c’est que WhatsApp partage déjà certaines données et ce depuis 2016. Le refus était cependant sans conséquence sur l’utilisation de l’app. Facebook y voit un moyen de monétiser son application qui est loin d’être rentable.

Et ce fameux chiffrement de bout en bout au niveau des conversations ?

Il y a encore de l’espoir puisque le chiffrement de bout en bout de WhatsApp reste bien en place :

Celui-ci garantit que seul(e)s vous et la personne avec qui vous communiquez pouvez lire ou écouter ce qui est envoyé ; il n’y a donc pas d’intermédiaires, pas même WhatsApp. Le chiffrement de bout en bout est utilisé car grâce à lui, vos messages sont sécurisés par un cadenas, et seul le destinataire et vous-même disposez de la clé spéciale pour débloquer et lire les messages. Tout cela est automatique : vous n’avez pas besoin d’activer un quelconque paramètre ni de créer des discussions secrètes pour protéger vos messages. (Source)

Quelles sont les alternatives ?

Il existe deux app qui ont profité de cette annonce pour augmenter leur nombre d’utilisateurs. Elles restent loin derrière WhatsApp mais tester les options du marché n’a jamais fait de mal à personne.

Rapidement en tête des stores après l’annonce de WhatsApp et boostée par un tweet d’Elon Musk, Signal est l’alternative la plus appréciée des utilisateurs.
Avec des fonctionnalités identiques à celles de WhatsApp (conversation, groupe, appel, vidéo, etc) Signal se démarque par son business modèle qui est sans aucun but lucratif, fonctionnant uniquement aux dons des utilisateurs (comme Wikipedia pour citer le plus connu).

Hormis l’ensemble des fonctionnalités, leur force réside dans le fait qu’ils ne récupèrent aucune donnée personnelle. Il n’y a ni tracker, ni publicité (du moins pour le moment). Signal souffre encore d’un manque d’utilisateurs, il y a peu de chance d’y retrouver tous vos amis et encore moins votre vieille tante Claudine (mais ça c’est peut-être un avantage ?).

Enfin, ils ont récemment développé l’équivalent de la fonction “WhatsApp Desktop”. Ce qui est encore venu ajouter une corde à leur arc (à ce jour pas encore disponible sous Mac).

La seconde alternative est une app créée par les frères Dourov (Russie) en 2013. Telegram possède également les mêmes fonctionnalités que WhatsApp avec des limites supérieurs au niveau du nombre de personnes pouvant rejoindre un groupe (jusqu’à 200.000) et aucune limite au niveau de la taille des médias partagés.

Telegram a bien plus mauvaise réputation que son cousin. Tout d’abord parce que les conversations de groupes ne sont que partiellement cryptées et ensuite parce que ces groupes de plusieurs milliers d’utilisateurs sont utilisés par des personnes malintentionnées afin de diffuser par exemple des fake news avec une simplicité enfantine.

En résumé :

  • Rien ne change en Europe, Facebook ne partagera pas plus d’infos qu’avant l’entrée en vigueur des nouvelles conditions.
  • Au niveau des entreprises, certaines données échangées entre le client et l’entreprise via WhatsApp seront diffusées vers Facebook (si l’entreprise héberge ce service chez Facebook).
  • Quant au reste du Monde non protégé par le RGPD, personne ne sera épargné. Il faudra choisir de partager ses données pour continuer à utiliser le service de messagerie.